Réemploi de mobilier urbain en tour à chiroptères

Nos recherches en écodesign d’abris, liées à notre mission de Transition, nous ont mené dans deux directions : le réemploi et le compostage. Comme il s’agit d’héberger le vivant, il faut savoir ne pas aller trop loin dans le réemploi de matériaux, à cause de possibles émanations toxiques (colles, matières composites, etc.). Dans le doute, mieux vaut ne pas surcycler un matériau usagé non traçable, et chercher prioritairement les matières compostables. Mais on peut parfois marier les deux, comme ici :

La cité Claveau, où est notre atelier, et qui nous sert de vitrine pour expérimenter un modeste “Totnes de la biodiversité”, possède un mobilier urbain intéressant : de vieux candélabres en fonte, qui ne sont plus électrifiés mais demeurent dans le paysage. Nous avions depuis 2021 pour projet de les transformer en tours à chauves-souris, encouragés par Aquitanis, bailleur social gestionnaire du site et partenaire historique, et par la mairie de Bordeaux, qui avait attribué au projet le Prix des Jeunes associations. Mais le manque d’effectifs nous faisait repousser l’échéance…

Quel est l’avantage d’une tour, pour les chauves-souris ?
Au printemps/été, les femelles recherchent un gîte, forment des colonies de reproduction et mettent bas d’un unique jeune. Pour cela, un simple nichoir ne suffit pas, car trop petit et trop sensible aux variations de température. Selon leur besoin de chaleur ou de fraîcheur, une tour leur permettra de se déplacer sur 3 axes, en hauteur, profondeur et rotation. Les effets du changement climatique seront ainsi atténués.

Nous sommes récemment devenus partenaires de l’agence Béa, qui organise des Journées Solidaires Environnement en France, faisant collaborer entreprises et associations. C’est ainsi que le projet est ressorti des cartons, pour être proposé comme chantier participatif à la société JLL France (conseil en immobilier d’entreprise), lors de leur Community Day. Les collaborateurs JLL ont été enthousiasmés par l’idée. C’est donc renforcés par une équipe Bordelaise de vingt personnes que nous avons pu poncer et assembler quatre tours puis en installer trois, en une journée ! Un très joli travail d’équipe, qui a permis aux bonnes idées d’émerger pour améliorer le processus – vive l’intelligence collective !

Photos © agence Béa et Tous aux abris

Cette opération s’enorgueillit d’une collaboration avec quatre entreprises, puisque nous avons également bénéficié du prêt d’un échafaudage, grâce à la société Loxam (location de matériel pro et BTP), ce qui nous a bien facilité l’installation. Et dans le même temps, une journée “Charity Pot” nous a été proposée par la société Lush (produits cosmétiques naturels) à Bègles, dont les fonds récoltés nous ont permis de payer une bonne partie du bois utilisé ! Pour finir, la société FCBA (Institut technologique certificateur de bois) nous a donné des échantillons-tests de plaques de contreplaqué bakélisé pour un revêtement étanche du toit des tours à chauves-souris. Merci à vous tous.

Le réemploi de mobilier urbain en fin de vie pour l’accueil de biodiversité est une étape importante dans notre intégration d’abris, à Claveau ou ailleurs. Nous avions réalisé les plans et la découpe, pour une coiffe sur-mesure de ces candélabres, pendant deux semaines en amont de l’événement. Puis toutes ces collaborations se sont enchaînées, sans trop de préparation et pourtant de manière fluide. Les projets vertueux un peu fous ont un pouvoir fédérateur étonnant ! Dans ces temps troublés, c’est un signal positif très encourageant.